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Immobilier de Luxe : les Français reviennent
Article dans "Les Echos" le 23 septembre 2016
A l'image du marché immobilier « standard » , le segment du luxe se porte mieux en France. L'embellie constatée par plusieurs professionnels de l'immobilier haut-de-gamme durant les six premiers mois de 2016 s'est poursuivie durant l'été. « Les résultats du 3ème trimestre, encore en cours, confirment la tendance positive du début de l'année », témoigne Alexander Kraft, président-directeur général de Sotheby's International Realty France - Monaco. Ce réseau d'immobilier de prestige table sur un volume de ventes de plus de 200 millions d'euros de juillet à fin septembre 2016, en hausse de 30 % par rapport à la même période de 2015. L'été s'est avéré « extrêmement actif », en particulier à Paris, où le professionnel atteste « d'un grand nombre de ventes et d'un prix moyen impressionnant de 3,34 millions d'euros. » De même, « en Bretagne, corrobore le réseau Emile Garcin, autre acteur de référence dans le segment haut-de-gamme, si le mois de juillet a été très occupé, le mois d'août a été presque anormalement actif ». Dans la période, le réseau se réjouit d'y avoir réalisé trois ventes, dont les prix s'échelonnent entre 750.000 et 1,2 millions d'euros, dont un très beau fort sur l'Ile de Bréhat. Sur la côte Ouest, en Normandie, Deauville connaît « une année 2016 excellente, pour le réseau Emile Garcin, avec 18 ventes et 12 promesses de ventes sur ces quatre derniers mois » (voir illustration). Dans cette station balnéaire très prisée, « l'essentiel des acheteurs est parisien - plutôt quadras - chefs d'entreprise et cadres dirigeants. Les ventes se situent entre 700.000 euros et 2,2 millions d'euros. Certaines transactions se sont concrétisées en une seule journée et d'autres en un week-end. »
Les Français continuent à acheter
La baisse des prix couplée à des taux du crédit immobilier exceptionnellement bas continuent à porter la demande des acheteurs. Comme observé depuis début 2016, ce sont plutôt les acquéreurs français, que les étrangers, qui animent le marché du luxe. « Ce sont surtout les acheteurs français qui soutiennent le marché immobilier de prestige en ce moment, confirme Alexander Kraft. Actuellement, plus de 70 % de nos clients sont français, alors que normalement plus de 50 % d'entre eux viennent de l'étranger. » Les attentats sur le sol français mais également les mouvements sociaux et les inondations à Paris, au premier semestre, ont nettement refroidi les ardeurs des investisseurs étrangers, notamment anglo-saxons. En outre, relève Sotheby's International Realty France - Monaco, depuis le choc de la sortie du Royaume-Unie de l'Union européenne lors du référendum du 23 juin et de la chute de la livre sterling, dans son sillage, les Britanniques « sont aujourd'hui plutôt vendeurs en France qu'acheteurs. » (voir encadré) Tandis que les clients russes, autres amateurs de l'immobilier de prestige tricolore, « sont encore rares à cause des sanctions continues contre leur pays. »
Pour autant, la pierre française séduit encore des investisseurs étrangers. « Les acheteurs européens, en provenance d'Allemagne, des pays du Benelux, de la Scandinavie, notamment, relève Alexander Kraft, se montrent moins impressionnés par les événements et continuent d'être actifs sur le marché français tout comme les acheteurs des pays d'Est et du Moyen-Orient qui continuent leurs acquisitions en France. » En région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, aux environ d'Uzès, Emile Garcin, fait état d'une activité estivale bien moins forte qu'à l'été 2015. Ce réseau relève ainsi « l'absence significative des étrangers. Seuls les Belges et les Luxembourgeois sont encore présents. Les cinq ventes effectuées ont été réalisées auprès de Français, dans des budgets de 500.000 à 800.000 euros. » Dans la partie Sud du Lubéron, indique aussi Emile Garcin, « la proportion d'étrangers acquéreurs par rapport aux Français - expatriés ou non - reste faible, si l'on compare aux années précédentes. » Du côté de Saint-Tropez, où le marché est dynamique, les demandes sont le fait majoritairement des Français mais Anglais, Allemands et Italiens restent présents.
Tous les segments de biens concernés
Dans un marché du luxe globalement dynamique, tous les segments des biens profitent de l'amélioration. Dans la capitale, souligne Alexander Kraft, l'activité a repris « non seulement pour les appartements familiaux entre 1 million et 3 millions d'euros, mais aussi dans le marché haut-de-gamme à plus de 5 millions d'euros. » Il cite, par exemple, à Paris, la vente d'une maison rue des Saints-Pères dans le 7e arrondissement, pour 8,5 millions d'euros, ou encore celle l'hôtel particulier de l'artiste Bernard Boutet de Monvel, dans une impasse privée du Faubourg Saint-Germain, pour 15 millions d'euros (voir illustration). En province, parmi ces dernières transactions, le réseau Sotheby's International Realty France - Monaco fait état d'une villa à Saint-Jean-Cap-Ferrat, pour 11,5 millions d'euros, d'un loft design à Bordeaux pour 4,69 millions d'euros, d'une villa « pieds-dans-l'eau » à Royan pour 2,9 millions d'euros et d'un manoir historique en Bretagne, au Croisic, pour 1,4 million d'euros.
Effet Brexit ?
Le marché immobilier tricolore va-t-il profiter ou pâtir de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne ? A la question « selon vous, quel impact pourrait avoir le Brexit sur le marché du logement de votre région ? », posée par le Crédit Foncier à 400 professionnels de l'immobilier en France *, 67 % d'entre eux pensent qu'en réalité le Brexit n'aura aucun impact sur le marché immobilier de leur région. Ils sont toutefois 17 % à pronostiquer un impact négatif contre 9 % seulement à en attendre un impact positif. Le prisme régional pèse. Ainsi, 22 % des professionnels d'Ile-de France attendent un effet positif contre 1 % seulement pour ceux du Nord-Est. Le pourcentage des « pessimistes », qui anticipent donc un effet négatif du Brexit sur le logement en France, grimpe à 24 % dans le Nord-Ouest et à 21 % dans le Sud-Ouest. « En Ile-de-France, commente le Crédit Foncier, les professionnels s'attendent probablement au transfert de sièges sociaux aujourd'hui localisés dans le Grand Londres. » Tandis que dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, « ces chiffres s'expliquent probablement par la présence plus significative des Britanniques dans ces régions. » Les Britanniques sont en effet friands d'achats de résidences secondaires en France. Rappelons que, de 2005 à 2015, les transactions réalisées dans l'ancien par des acquéreurs étrangers en France métropolitaine ont représenté 6,4 % du total. Or, parmi elles, un tiers d'entre elles ont été réalisées par des Britanniques **.
« Avec le Brexit, observe de son côté Paulo Fernandes, directeur associé de Paris Ouest Sotheby's International Realty, mais aussi la crise russe et l'instabilité dans les pays du Moyen-Orient, de plus en plus de fonds d'investissement achètent des biens haussmanniens entre 1,5 et 5 millions d'euros. Ce sont des investissements à moyen terme sur les quartiers du centre de Paris. » La capitale est revenu dans le radar des investisseurs, grâce à des prix très bas comparés aux autres grandes capitales et aux taux d'intérêts historiquement bas. En 2009, l'immobilier de luxe londonien était à peine 20 % plus cher qu'à Paris. Alors qu'aujourd'hui, Londres et New York sont près de deux fois plus cher, avec des prix à 48.000 EUR/m².
* Enquête réalisée du 29 août au 5 septembre 2016, par téléphone, auprès d'un échantillon représentatif de 400 professionnels de l'immobilier (agents immobiliers, commercialisateurs, lotisseurs, promoteurs, constructeurs de maisons individuelles, gestionnaires de patrimoine). Cette enquête a été réalisée avec l'institut de sondage CSA.
** Notaires de France
@AnnesophieVION
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