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Immobilier de luxe : que font les acheteurs à la veille des élections ?
Article dans les Echos du 21 avril 2017
La vitalité retrouvée du marché haut de gamme tricolore compense en grande partie l'attentisme lié à l'habituel « effet élections ».
Dans le secteur de l'immobilier de luxe, très sensible aux mesures politiques, l'activité est habituellement freinée à six à huit semaines des élections présidentielles. Mais cette année, le ralentissement se fait sentir plus tard et beaucoup moins fortement que d'habitude.
« Cela ne fait qu'une dizaine de jours qu'un certain attentisme pré-électoral se fait sentir. Et encore, il faut prendre en compte l'impact des vacances scolaires pendant lesquelles les potentiels acheteurs arrêtent de chercher. On perçoit quand même un changement d'ambiance depuis la remontée de Mélenchon dans les sondages. Ces derniers jours, on a eu deux ou trois promesses de vente conditionnées à la non élection de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon », commente Charles-Marie Jottras, président du groupe Daniel Féau. Pour lui, les bonnes conditions de marché ont compensé en grande partie l'habituel « effet élections ».
Ainsi, depuis dix jours seulement, un certain ralentissement des mandats de vente se fait sentir dans le réseau Féau, surtout concernant les biens dont le montant dépasse les 1,5-2 millions d'euros et très peu pour les biens en-deça.
Coup de frein à Paris
La décélération est beaucoup plus marquée dans l'autre réseau d'agences immobilières de luxe Barnes, sur le premier trimestre 2017, la baisse de leurs mandats de vente à Paris atteint les 20 % par rapport à la même période l'an dernier. « Un coup de frein sur l'activité est perceptible depuis le début de l'année, particulièrement à Paris », explique Richard Tzipine, directeur général de Barnes. « Les clients qui ont de l'argent attendent de savoir à quelle sauce fiscale ils vont être mangés. Beaucoup de vendeurs potentiels, assujettis à l'ISF, attendent avant de vendre ». Même constat coté acheteurs : « Les acheteurs potentiels attendent de sortir du flou des élections et que la situation fiscale soit stabilisée, en particulier dans le cadre de la future acquisition de leur résidence secondaire. Ils ne savent pas ce qu'ils risquent potentiellement au cas où Mélenchon ou Le Pen gagnent les élections. Ils sont très inquiets à ce sujet », poursuit Richard Tzipine. Même constat chez le réseau d'agences de luxe, mais un peu moins haut de gamme en France, Coldwell Banker.
Près d'une vente toutes les deux heures
Même constat chez Sotheby's Realty : le réseau a annoncé récemment des résultats stables concernant les ventes de propriétés de luxe pour le 1er trimestre 2017 (volume de vente d'environ 158 millions d'euros) et le début du 2ème trimestre 2017 en France. Alexander Kraft, son président, explique : « Le 1er trimestre est normalement le plus calme de l'année, celui de 2017 est le meilleur premier trimestre depuis 2012. Malgré les élections présidentielles imminentes, nous ne voyons quasiment aucun ralentissement d'activité, un phénomène rare, jamais vu ces 20 dernières années. »
Quid des investisseurs étrangers ?
Les investisseurs immobiliers internationaux ainsi que les expatriés français gèlent leurs décisions d'acquisitions en France en attendant de connaître le résultat de l'élection présidentielle, annonce Laurent Demeure, président de Coldwell Banker France & Monaco. « Les investisseurs sont inquiets depuis 3 mois d'un possible Frexit (sortie de la France de l'Union Européenne), d'un abandon de l'euro, en cas d'une élection de Marine Le Pen, (...) ainsi que d'une montée en puissance de Jean-Luc Mélenchon », souligne-t-il.
Son de cloche différent dans le réseau Daniel Féau, selon lequel il n'y aurait pas, à ce jour, d'impact majeur [négatif] des élections sur la clientèle d'investisseurs étrangers. En revanche, « cela pourra rapidement se faire sentir, après les élections, si un des deux extrêmes est élu », avance Charles-Marie Jottras, son président. Il relève un phénomène inédit : « Depuis l'élection De Donald Trump, quelques clients américains achètent une propriété en France soit pour y emménager en tant que résidence principale, soit pour en faire une résidence secondaire et passer moins de temps aux Etats-Unis. »